A MARIE-PIERRE

 

Hey Marie !  Tu exagères ! Bien sûr, quand tu étais enfant, tu ouvrais grand ton manteau, le boutonnant en cape pour « battre » des ailes comme un oiseau... mais on ne t’avait jamais demandé de t’envoler si vite !

Tu voulais être « archéologue-poète » et pour notre plus grande fierté, jusqu’au terme de ta vie, tu nous as comblés dans ces deux domaines. Scrupuleuse, perfectionniste, acharnée, tu demeurais angoissée, nous déclarant après chaque examen : « j’ai tout raté !... » et tu sortais première de ta promotion : c’était devenu un sujet de taquineries !

La grammaire de Champollion, les reproductions égyptiennes du Louvre, la vie des fourmis, les contes de fées, tout cela voisinait allègrement avec les sujets les plus sérieux , dans un  joyeux mélange  reflétant l’intérêt que tu manifestais pour toute chose.

Pour tous tes cousins et cousines, tu étais la « petite Marie » puisqu’avec ton frère Vincent vous étiez les petits derniers d’une longue série. Pour leurs enfants, tu resteras « Ma –hie »… et ils se souviendront de ta gentillesse, de ta disponibilité, n’hésitant pas à jouer avec eux à chat, au ballon ou encore à leur confectionner des colliers ou des bracelets de pâquerettes…

Dès l’enfance, la vie des bêtes était un sujet d’observation passionnant, dans le jardin de tes Parents : hérisson, renard, perroquet vert, petits oiseaux… Cela t’incitait à t’insurger contre les pièges en tout genre !  Gare à ton Oncle qui voulait protéger ses cerises de façon trop radicale !

Mélange intime de ton Père et de ta Mère, tu avais la réserve du premier, tout en sachant faire respecter tes idées… tu étais à bonne école avec tes frères ! Tu avais la fantaisie de la seconde dont tu admirais sans conteste le travail d’artiste. Tu avais toi-même des dons que tu mettais en pratique : objets en pâte à sel ou en papier mâché, peinture et n’oublions pas la confection de tes adorables cartes de vœux de toutes sortes. Mais que dire de ce rêve d’artiste enfin réalisé à l’âge de 20 ans : couper les cheveux de ta poupée !

Tu étais allée un jour dans le désert marocain, t’essayer à la calligraphie et la poésie des signes avait touché ton cœur.

En accédant à ton rêve d’archéologue, tes ailes se sont dépliées et ouvertes à la mesure de ta passion. Leur envergure était telle que tu nous faisais partager ta vie de fouilles, d’espoirs de découvertes et de mésaventures… Et tu es devenue « pigeon voyageur »… Mais cette fois, tu t’es envolée pour de bon, nous laissant tous désemparés et malheureux…

Nous sommes réunis ici, famille et amis, pour te dire un dernier au revoir pour cet ultime envol.